Apsath Photo Vu par les MédiasSon travail parodie l’islam radical et sa pensée obscurantiste, qui progressent au Mali, adepte depuis des siècles d’un islam modéré. Dans la galerie et le hall de l’Institut français à Bamako, l’exposition «Koudjina en héritages» montre le travail d’Apsatou Bagaya, la seule photographe nigérienne à ce jour. «Totems» est une série de jeunes étudiantes portant un long voile, vues de dos sur fond blanc, sorte de fantômes anonymes.«Apsatou Bagaya a constaté la multiplication des femmes voilées sur le campus de l’université de Niamey. Elle a travaillé dans l’espace public avec un studio portatif. C’était un travail de terrain difficile. Elle voulait montrer l’étrangeté de tout cela», commente Philippe Guionie, qui l’a accompagnée dans ce projet.
Source: Liberation.fr
TOTEMS
Apsatou Bagaya Les portraits d’Apsatou Bagaya sont d’une étrangeté déconcertante. Ils nous interrogent sur la nature même du sujet photographié. Pourtant, même si les visages et les corps sont cachés au regard du spectateur, ces portraits décontextualisés racontent une histoire bien singulière, celles de jeunes étudiantes nigériennes, photographiées chaque matin sur le campus de l’Université Abdou Moumouni à Niamey. En recréant les conditions d’un studio photographique in situ (portraits réalisés sur fond blanc), Apsatou nous propose un arrêt sur images inédit sur les modes de représentation de la femme nigérienne contemporaine à un moment où ce pays sahélien est traversé par de nombreuses tensions sociales et religieuses. Apsatou a développé pendant de nombreuses années une activité de photographe de studio à Cotonou, capitale du Bénin. De retour au Niger, elle alterne sujets de commande et sujets personnels. Source: Afrique in Visu |
Au Centre culturel français, place à de jeunes artistes nigériens, dont Apsatou Bagaya. Ses œuvres peuvent donner des petits frissons à ceux qui les interprètent mal, y voyant une marque d’obscurantisme religieux. Mais…
Dans le verset 31 de la sourate « An Nur » (La lumière/24), on peut lire : « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines (…) » ; et le verset 59 de la sourate Sourate « Al-Ahzab » (Les coalisés/33), on lit ceci : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux ». Nous avons fait référence au Coran pour expliquer que la notion de voile peut provoquer diverses interprétations, selon différents critères. Du coup, le travail de l’artiste nigérienne Apsatou Bagaya, lui aussi, peut amener différentes interprétations : des corps couverts d’un long voile qui diffère d’un portrait à l’autre. Ces femmes sont-elles obligées de porter ce voile ? Le portent-elles parce qu’elles sont convaincues ? Peut-être y a-t-il un homme qui se cache sous un des voiles… La note accompagnant les œuvres explique que l’artiste a photographié « de jeunes étudiantes nigériennes, sur le campus de l’Université Abdou Moumouni à Niamey. En recréant les conditions d’un studio photographique in situ, Apsatou nous propose un arrêt sur images inédit sur les modes de représentation de la femme nigérienne contemporaine à un moment où ce pays sahélien est traversé par de nombreuses tensions sociales et religieuses ». Ce texte possède un problème à lui tout seul car il est directif. N’aurait-il pas mieux valu de s’arrêter à « contemporaine » et laisser tomber « à un moment où ce pays sahélien est traversé par de nombreuses tensions sociales et religieuses », car ceci n’ajoute rien à la compréhension des clichés ? Le travail d’Apsatou Bagaya est simple : montrer des jeunes nigériennes portant différents voiles. Alors pourquoi diriger les consciences ? Doit-on rappeler que le voile est omniprésent dans toutes les religions qu’elles soient monothéistes ou polythéistes ? La Vierge Marie portait le voile. Dans la tradition juive, une femme est censée se couvrir la tête en public. Du côté du polythéisme, les hindouistes portent aussi le voile. Et l’on peut remonter dans l’histoire, puisque « la première mention juridique connue instituant l’obligation pour une femme de se couvrir se trouve dans les tablettes assyriennes du roi Téglath-Phalasar I (1115-1077 avant J.-C.) » : « Les femmes mariées (…) qui sortent dans les rues n’auront pas leurs têtes découvertes. Les filles d’hommes libres (…) seront voilées (…) La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte ». En Grèce, au Ve siècle av. J.-C., les femmes mariées étaient voilées (cf. Hérodote). À Rome, « la prise de voile devient le prélude au mariage et les vestales, chastes prêtresses de Vesta (la divinité du foyer domestique), rabattent sur leur tête un pan de leur robe pour attester leur consécration au culte », etc. Donc pour nous le voile est un vrai faux problème. Si une femme a envie de se voiler, elle en a autant le droit qu’une femme qui aime se mettre en mini-jupe. Chacun est libre de se vêtir comme il veut quand cela ne lui est pas imposer pour x ou x raison. Pour en revenir à l’œuvre de l’artiste nigérienne, elle est très intéressante dans le fait que l’on ne sait pas si les photos ont été prises par devant ou par derrière. Elles peuvent être lues recto-verso. D’autre part, Apsatou Bagaya a eu l’excellente idée de prendre des modèles dont les voiles sont des couleurs différentes allant du noir au rose en passant par le gris ou encore le bleu/gris. Zouhour HARBAOUI (Tunisie) Source: Rencontres de Bamako |
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